[Recherche]Aitai

Aitai.

Tu lui manquais terriblement. Elle était blessée de ne pas avoir su te protéger. Elle était blessée de savoir que tu souffrais et qu'elle aurait peut-être pu l'empêcher. Elle était blessée de ne pas savoir ce qui c'était passé. Elle était déchirée de savoir que tu étais seule et que le monde semblait toujours figé dans ces habitudes alors que le sien s'écroulait. Elle était anéantie, surtout, à l'idée que tu ne sois pas heureux.

Tu as mal n'est-il pas? Tu as envie de pleurer, n'est-il pas? Et plus particulièrement, contre eux qui lui tournent le dos, tu as envie de hurler... n'est-il pas? On rencontre rarement ce genre de détermination de nos jours. Combien de temps n'as-tu pas dormi, médium? Trois jours. Trois jours que tu passes à méditer pour t'empêcher de faire quelque chose que tu regretterais, trois jours que tu passes aussi à chercher en te débattant contre la panique, contre l'injustice faite à ton Histoire. Et pourtant, si déterminée que tu sois, tu n'en es pas malade. Tu veilles à rester saine, fraîche et dispose. À prendre ton temps. De toutes tes forces, ne pas rejeter la faute sur les garçons qui étaient au dortoir. De toutes tes forces, ne pas rejeter la faute sur tes congénères qui ne sont pas inquiétés ou ne semble pas penser à lui. Rarement, aussi, rencontrons-nous une âme qui, comme toi, ne pense pas, ne veux rien savoir de leur compassion. Ne considère pas cette épreuve comme difficile pour toi. Tu n'es pas importante en cet instant, n'est-ce pas, médium? Jamais la vie n'a été injuste envers toi comme elle l'a été avec ton frère et tu en as parfaitement conscience. Alors, tu as décidé il y a longtemps de ne pas l'être avec la vie.

Cet endroit était la partie la plus sombre et la plus lugubre de la ville. Tu ignorais tout de ses ravisseurs, mais les coins les moins fréquentés, les moins paisibles étaient les plus crédibles à tes yeux. Tu n'avais pas le droit de prendre la moindre chance de le rater. Il te reviendrait. Il te reviendrait, vivant ou mort tu sentirais à nouveau son énergie. Tu lui offrirais un dernier sourire, une dernière larme. Parce que tu t'étais construite avec lui, tu ne pouvais pas le laisser tomber. Tu l'aimais comme on aime si peu souvent...

- Aucun remue-ménage dernièrement? -

T'entendis-tu demander à une vieille sorcière d'une voix morne et brisée. Celle-ci ouvrit la bouche pour te donner réponse, mais un autre s'empara d'elle avant toi avec nul plus de deux mots qui t'attirèrent multiples regards.

«Une médium!»

S'était-il écrié. Tu fermas les yeux et des sorts se rivèrent aussitôt sur toi. Sans perdre ton aplomb tu durcis ton regard et ta voix qui devinrent glace.

- Nous sommes dans le même camp. Vos sorts ne me feront rien. -

Il n'en fallait qu'un seul. Il devait venir seul. Ton coeur s'affola alors que de la magie noire de haut niveau te percutait de plein fouet. Dès qu'elle effleura ta protection, tu sentis la marque habituelle de la magie du Yin et du Yang et retint un sourire. De toute évidence, une bonne étoile veillait sur toi. Ou pas. On appela un second sort pour contrer ta possible protection, ta propre magie se dressa en bouclier contre une nouvelle énergie contraire à la tienne. Des maîtres du Yin et du Yang aussi... tu ne pouvais tomber mieux. La vieille hocha la tête et te prit la main. Rebutée, tu te forças à ne pas te dégager. Son ongle te barra l'endos de la paume et elle effleura la coupure de son index. Tu sentis la magie opérer et te retint de grimacer.

«On raconte... que les Inconnus sont de retour. Ils auraient cachés un corps non loin. Mais n'y va pas. Ce ne sont pas nos affaires...»

Puis, tu sentis ses pensées effleurer les tiennes et un message les traverser. «N'est-ce pas, mademoiselle Sumeragi?», distinguas-tu. Tu lui répondis d'un regard sévère sans émettre la moindre parole et t'enfonçai plus loin dans la ruelle. Elle te regarda partir alors que tu t'éloignais.

Aitai.

Tu te retournas vers une voix à laquelle tu ne t'attendais pas et lui sourit. Les présences familières t'avait toujours apaisées et il y avait cette nouvelle marque au dos de ta main qui te tracassait. Si tu n'y pensais pas, peut-être qu'il n'arriverait rien de particulier. Tu avais senti son regard dans ton dos te glacer, ton instinct de médium avait, pour une fois très spéciale, pris le relais. Sans arrêter d'avancer, tu construisis ta réponse sans prendre le temps de vraiment chercher à être discrète.

- Je pars à la recherche de quelqu'un. S'il était enfermé ici, ce serait vraiment idiot. Mais je veux un indice, tu vois... -

Tu tournas un nouveau coin dans l'espoir de t'enfoncer plus loin dans le dédale désorganisé des environs, à la recherche d'une sensation, même très mince, quant-à un quelconque mort ou autre chose. La raison t'imposait de ne pas croire la vieille sorcière, mais tu ne pouvais laisser passer la moindre trace et surtout, souvent, les plus vils avaient raisons. Certes, peut-être n'était-ce pas Souvent, mais parfois. Et même pour un parfois, tu devais y croire.

- Tu t'es intéressée à Subaru? -

Demandas-tu, le plus naturellement du monde. Et tu espéras une réponse franche. Tu avais besoin de quelque chose de vrai.

Tu hochas simplement la tête à la réponse d'Akane. Tu le savais, tu t'y attendais. Là-haut, plus de dizaines de personnes disparaissaient chaque jour et certaines n'étaient même pas recherchées. Le monde ne changeait pas nécessairement d'un endroit à un autre. C'était cependant dommage. Ça t'aurait encouragée à continuer si quelqu'un d'autre pouvait le poursuivre avec la tête froide. Parce que tu savais pertinemment que s'affoler ne ressemblait en rien à la rescapée. Tu lui fut alors volontier reconnaissante quand elle décida de te donner au moins un coup de main et la suivit sans hésiter. Vous entrâtes dans un bar particulier où, même en tant qu'amatrice, tu pouvais déceler une intense différence avec les autres dans l'atmosphère. Vous vous dirigeâtes vers un collecteur d'informations, tu aurais pu y penser plus tôt et éviter des ennuis, mais tu n'avais pas de quoi payer. Ni en biens, ni en argent, ni en pouvoir. Autant être franche avec Akane et avec tout le monde, même si dans ce milieu ce n'était pas ce qui payait.

- Je n'ai rien pour payer. -

Fis-tu remarquer à la jeune fille.

-Hokuto Sumeragi. Tu vis dans le pensionnat et a quelques pouvoirs d'exorcismes, exact?-

Sans attendre de réponse, il poursuivit.

-En ce moment, tu recherche ton frère, Subaru Sumeragi, qui a enlevé.

Je peux t'aider. Mais mon prix ne sera pas en argent.

J'exige de toi,un peu de ton sang et trois de tes shikis.

Acceptes-tu? En échange, je t'aiderai jusqu'à ce que tu ai au moins une certitude de l'endroit où est ton frère et comment le retrouver. Je prendrai les risque qu'il faut.-

Du sang et trois shikis. Tu fermas les yeux. Trois fois, il serait à même de te jeter un sort que tu ne serais pas en mesure de fuir même en connaissant son identité, car de toute évidence il était plus fort que toi. Trois fois, il serait à même de te priver de ta liberté, de te maudire, de te tuer. Ton coeur accéléra alors que tu sentais se former dans ton estomac les papillons bien familiers des décisions difficiles, impossibles, à prendre. Tes paupières se fermèrent encore davantage avant que, doucement, détendue et sûre de ta décision, tu n'ouvres les yeux à nouveau. Trois shikis surgirent entre tes doigts, forts de l'amour intense que tu portais à ton frère.

- Jusqu'à ce que je sois absolument certaine de l'endroit où il se trouve. Jusqu'à ce qu'il n'y ait pas de doutes possibles, c'est bien cela? -

Interrogeas-tu, en regardant l'informateur droit dans les yeux. Tu es prête à tout n'est-ce pas, jeune fille, pour retrouver ton jumeau? Il n'est pas toute ta vie, car il est ta vie. Il n'est pas la chose à laquelle tu tiens le plus au monde, car il est ton monde. Certains mots, parfois, sont inutiles. Coût était l'un de ceux-là. Pour lui, tu payerais avec ta chair, avec ton sang, avec ton âme s'il n'était pas menacé. Pour lui, toi tu le pouvais, contrairement à ceux qui l'affirmait sans comprendre vraiment ce que cela impliquait, sans saisir vraiment que vous étiez deux à être blessés, sans saisir vraiment que cela ne devait être un geste impulsif ou passionné. Pour qu'il ne te soit pas arraché, toi tu pouvais mourir. Tu pouvais pourir aussi, croupissant sous l'effet d'un sortilège. D'ici là, il te reviendrait. Le prix à payer n'existait pas, s'il ne le concernait pas. Tu brisas un verre ce qui te valu une attention courte, rapidement détournée, et t'entaillas la paume d'un éclat. Laissant ta paume tournée vers le plafond pour éviter que le sang ne s'écoule plus que nécessaire, tu retournas ton regard sur l'homme, déposant quelques pièces sur le comptoir pour payer le verre fracassé.

Tu l'aimes... non? Et il te manque. Il te manque comme personne ne t'a jamais manqué quand tu es venue ici. Et tu l'aimes comme ton être entier te le permet.

Aitai.

[Je prend le relais parce que sinon ça va être bizarre XD]

Tes yeux de vert brillant se posèrent sur lui alors que tu réfléchissais. Devais-tu exiger un contrat pour sceller votre entente, cela serait-il mal vu, ou alors... en lui rendant la fiole dans laquelle tu avais versé de ton sang, tu fis un pas vers l'informateur. Tu avais mis ta vie et ton pouvoir entre ses mains. Avec un tel prix, pouvait-il vraiment te refuser ta condition, si futile soit-elle? Tu défis le ruban rouge cousu à l'une de tes manches alors qu'il mettait la main sur la fiole et la faisait disparaître dans son manteau.

- J'en suis consciente. -
Moment d'arrêt, de silence. Posé.
- J'aimerais un serment en bonne et due forme. -

Avec son approbation tu nouas le tissu de façon à lier vos auriculaires. Tu ne le fis pas serpenter en huit, te contentant de l'enrouler autour de l'un et de l'autre pour qu'il n'y ait qu'un seul lien. Parfois, le moins était le mieux. Parce que tu étais toi aussi une médium capable de formuler tes propres sorts, tu descendis un genou à terre et murmura trois mots dans ta langue natale, clôturant ainsi totalement et définitivement votre entente. Jusqu'à ce que tu saches exactement où et comment le trouver. Une promesse qu'il ne pouvait rompre. Quand tu te relevas et retiras le fil qui vous reliait, il commença à parler pour te donner le premier indice et tu l'écoutas comme tu n'avais pas écouté depuis sa voix dans la forêt, parce que maintenant, l'espoir te poussais en avant. Et tu étais une exorciste, et tu étais une humaine.

«Ils sont les grands Inconnus de notre Histoire. Leur travail est plus qu'un art, il est une vie. Jeune fille, ce sont eux que tu vas devoir trouver. Il y a dans la légende de cette ville un immense vide. Dis-moi Hokuto... es-tu croyante?»

Stupéfaite, tu dévisageas l'homme avant que tout ne semble clair à tes yeux. Tellement clair, que ton coeur d'adolescente se mit à battre si fort et si vite que tu crus qu'il allait lâcher. Subaru... tu fermas les yeux. Ton cher jumeau était incontestablement condamné à... ta respiration te rattrapa et te ramena sur terre. De nouveau, tu entrepris de te calmer. Avec respect, tu courbas l'échine devant l'informateur même si tu n'aurais pas dû. En théorie, c'était lui l'employé, toi le maître; et non l'inverse. Mais c'était lui, tu étais toi. Tu pris ensuite position face à Akane et t'inclina de nouveau, plus rapidement.

- Merci. -

Lui fis-tu savoir en lui souriant simplement. Il ne lui importait probablement pas de l'entendre. Inutile d'en rajouter.

Aitai.

[J'ai le droit de reprendre le PNJ?]

Tu glissas tes doigts sur le mot marqué de six inscriptions et le fit disparaître dans ta poche. Ton coeur battait sur la mesure d'un nouvel espoir et il redorait ta force, parce que si la foi rendait les gens aveugles, elle leur donnait aussi un puissance incommensurable, le pouvoir de défier l'impossible. Armée de cette offrande de la vie, tu étais capable d'aller jusqu'au bout du monde. Ce n'était qu'une question de temps et moins encore; ton frère serait tiens de nouveau. Ton âme retrouverait sa jumelle. Tu clignas des yeux pour redescendre sur terre et assimiler la question d'Akane.

- Oh. Hum... c'est un malencontreux accident. Je peux seulement espérer qu'il n'occasionne rien de grave. -

Répondis-tu en baissant les prunelles sur ta coupure. L'image de la magicienne, son visage ridé par l'âge et crispé par la mesquinerie te vint et une lueur perça l'émeraude brillant que portait les miroirs de ton esprit. Qu'elle te frappe ensuite. Mais elle ne toucherait pas à ta quête, quelque fut le don qu'elle possédât.

Aitai